Terencio González entre dans la peinture d’abord par la figuration, souvent avec des matériaux récupérés, brique, bois ou simple toile. Animé par l’esprit de Rauschenberg, Basquiat et Bazelitz qu’il cite comme référents, il peint des figures venues de la rue à l’état brut, recomposition arbitraire, un modelage déconcertant tout en arrondis, en coupes vives, en volumes imprévus. Très évidement des hommes mais dans une donnée inexpressive, placés là, murés dans leurs gestes, souvent en groupe.
Assez rapidement, il s’en écarte pour privilégier des monochromes carrés d’un mètre sur un mètre, de cinq couleurs primaires. Multiples, les couleurs sont franches, puissantes, vibrantes à la manière d’un arc irisé. Les toiles sont rigoureuses dans leur structure, économes dans leur conception. Pourtant rien n’est figé. En réponse à cette grille colorée, en bas un espace blanc, neutre, strié de quelques lignes horizontales faites à la bombe où on retrouve les tons primaires des monochromes. Terencio González laisse la couleur établir la trace définitive de l’œuvre. Loin de toute imitation (même construite) d’une forme préexistante, la toile joue sur le faire, elle figure une présence immédiate et latente de la matière. Mais le silence du tableau n’est pas un champ de non-liberté. Au contraire, l’artiste avive notre regard et le rend plus aigu. Depuis ses débuts, il s’adonne à cette activité dérisoire de vouloir rendre en peinture ce que la nature fait d’une manière inimitable, évitant tout motif ou arrangement formel.